Estime de soi et sentiment de dignité

« Parfois, c’est en partant de ce que l’on juge trop vite que l’on restaure quelque chose d’essentiel. »

Je dis souvent que je suis passionnée par mon métier.

Mais avec le temps, je me rends compte que ce n’est pas seulement une passion :

c’est une conviction profonde.

Je suis ludopédagogue, et j’accompagne depuis plusieurs années le développement des compétences psychosociales pour favoriser l’insertion professionnelle, par la formation, l’emploi ou d’autres chemins possibles.

En travaillant sur l’estime de soi, une notion s’impose de plus en plus à moi, presque comme une évidence tardive :

le sentiment de dignité

On confond souvent les deux.

Mais ce n’est pas tout à fait la même chose.

C’est un jeune, au parcours compliqué, qui m’a fait prendre conscience de cette différence.

Il a fait des erreurs. Mais qui n’en a pas fait ?

Des erreurs qui aujourd’hui peuvent fermer des portes, freiner des projets, parfois figer l’avenir.

Mon rôle n’est ni de juger, ni de rappeler ce qui est déjà connu.

Mon rôle, je le crois profondément, est d’accompagner là où quelque chose peut encore se reconstruire.

Ce que j’observe sur le terrain, c’est que travailler l’estime de soi sans restaurer le sentiment d’être digne, légitime, reste alors incomplet.

Car comment se projeter, comment y croire, quand on a intégré l’idée qu’on ne mérite plus vraiment sa place ?

C’est aussi pour cela que je tiens à souligner l’importance du travail mené par les Missions Locales ( SEMAPHORE MSA , MISSION LOCALE THUR DOLLER ,Union nationale des Missions Locales ,…) et les structures d’accompagnement pour les jeunes, trop souvent méconnu ou sous-estimé.

On parle souvent de ces jeunes à travers des étiquettes, des chiffres, des récits simplifiés.

Sur le terrain, je rencontre surtout des jeunes abîmés, qui doutent, qui cherchent leur place, et qui ont avant tout besoin de reconnaissance humaine.

Pas de complaisance.

Mais de dignité.